KAMERHE, FATSHI ET FAYULU S’ENTRE-TUENT SUR LE NET

Couverts, par eux-mêmes, d’opprobre après leur « fumisterie » de Genève et le retrait fracassant des signatures fraichement apposées sur leurs accords, les principaux protagonistes à l’élection de Genève en viennent à une guerre médiatique visant à se salir mutuellement dans l’espoir de se réhabiliter dans l’opinion. Une démarche que les Congolais ont subodorée, mais sans se montrer prêts à embrasser ceux qui leur ont tourné le dos pour aller jouer, soit disant en leur nom, le jeu des Occidentaux en Suisse.

Après avoir tenté de se circonvenir lors de leurs conciliabules de Genève qui a abouti à la désignation d’un éphémère candidat commun de l’opposition pour la prochaine présidentielle, Félix Tshisekedi, Martin Fayulu et Vital Kamerhe se livrent à présent à une guerre via les médias. En toile de fond, ce trio est conscient du coup dur que leur inflige leur deal de Genève où, tous comptes faits, l’enjeu dominant était, non pas de sauver le Congo, mais bien de se dominer les uns les autres. Les égos surdimensionnés ont ainsi mis de côté le peuple avant que celui-ci ne viennent rappeler tout le monde à la raison, du moins les militants de l’Udps et de l’Unc.

Maintenant que l’enjeu passe à la recherche de leur réhabilitation dans l’opinion en prévision de la campagne électorale, chacun semble avoir opté pour stratégie de diaboliser les autres. Ainsi, engoncé dans son habit (pourtant déjà en lambeaux) de candidat commun, Martin Fayulu se veut rassembleur et rappelle Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe à leurs engagements. « J’invite mes frères Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe à dépasser les considérations partisanes et à privilégier l’intérêt supérieur de la Nation. Gardons à l’esprit nos objectifs communs consignés dans notre accord pour remettre la RDC en marche. Il n’est jamais trop tard pour bien faire », écrit le président de l’Ecidé sur son compte Twitter.

Si Fayulu n’avait aucunement l’intention de se retrouver avec ces deux concernés, en tous cas, son mode de communication aura été le meilleur pour cela. Son message lancé sur la place public n’est pas une autre manière que d’accuser Fatshi et Kamerhe de privilégier les intérêts partisans au détriment de la Nation. Et il n’a pas fallu longtemps pour avoir des réactions.

En échange de procédés, Félix Tshisekedi a aussi emprunté la voie de son compte tweeter pour répliquer à Fayulu : « Cher frère Martin, au nom du DIEU que nous prions toi et moi au Centre Missionnaire Philadelphie, je te demande de dire à l’opinion les termes de l’engagement que tu as pris devant moi, les yeux dans les yeux, 1h avant la réunion. Ainsi nous pourrons parler d’intérêt de la Nation ». Un direct qui ne manquera pas de faire mouche.

Tshisekedi tente ainsi de débusquer Martin Fayulu qu’il accuse de l’avoir trahi et de n’avoir pas honoré ses engagements vis-à-vis de lui Normalement Félix Tshisekedi pouvait aller plus loin dans cette démarche en dévoilant carrément cet engagement. Mais il semble manifestement qu’il a choisi de s’élever de cette chienlit en évitant de se livrer à la chasse aux sorcières.

Pour sa part, cependant, Vital Kamerhe ne s’en est pas embarrassé. Dans un élément sonore, il dénonce carrément ce qu’il considère comme la supercherie de Genève. « Nous n’avons pas compris comment les amis ont décidé de changer le mode de désignation. Ils ont violé l’accord de Pretoria », se plaint-il avant de relater : « Il y avait un coup fourré qui se préparait. Avant de monter dans le bus, j’ai dit à Félix que les amis nous préparaient un coup fourré. Il m’a dit non, Vital. Quelqu’un, je crois Muzito, lui a dit Vital prépare un coup contre toi avec Bemba. Il a cru à cela. Il descend en bas. Fayulu le prend en charge pour lui dire que Vital, Bemba et Katumbi préparent contre chose toi. Mon ami ne parlait plus. Nous sommes entrés dans la salle. Moi aussi j’étais convaincu qu’il y avait quelque chose entre Félix et les autres contre moi. Moi, j’ai voté pour Matungulu et Félix a voté pour Fayulu. Nous nous sommes retrouvés chacun avec une voix et Matungulu et Fayulu sont passés au second tour parce qu’ils ont été malicieux ».

Terrible jeu d’entourloupe que ceci de la part de personnes qui aspirant pourtant à la magistrature suprême. En croyant se défendre pour enfoncer les autres, Vital Kamerhe révèle ainsi les sordides dessous de cette équipée de Genève dont il faudra encore élucider les contours quant à son organisation et aux intentions sous-jacentes des organisateurs. Partis en aspirant hommes d’Etat, les « flibustiers » de Genève reviennent moins que des hommes politiques…

Pascal Debré Mpoko

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